À l'occasion du MaMA Music & Convention, le Centre national de la musique publiait jeudi 12 octobre un nouveau baromètre présentant la consommation de musique des Français sous toutes ses formes Pour la première fois au sein d’une même étude, les comportements d’écoute de musique des Français sont observés sur l’ensemble des modes de diffusion : live, plateformes de streaming, supports physiques, radio et podcasts, TV, réseaux sociaux, vidéos courtes, jeux vidéo. Étude réalisée en lien avec l’institut de sondage Ipsos

Alors qu’aussi bien les festivals que les concerts de musiques actuelles ont pendant longtemps été associés à la jeunesse, l’avènement d’une nouvelle génération de consommateurs et de consommatrices — la « Gen Z » — suscite des questions sur leur rapport à la musique live. Sur fond d’innovation technologique et de la crise de la COVID-19, une partie des acteurs et des actrices du secteur s’interroge sur le renouvellement de leur public et de la transformation des habitudes de consommation des 13-26 ans.

Cette onde courte propose un premier panorama des enjeux qui se dégagent de cet hypothétique découplage entre « Gen Z » et musique live. Elle vise à examiner ce qui se joue dans la transformation tant du rapport des 13-26 ans au concert que de celui des professionnels et professionnelles de spectacles aux publics jeunes. Pour ce faire, elle explore trois questions : les pratiques de fréquentation des concerts de la « Gen Z », les relations entre musique live et réseaux sociaux, et ce qui fait venir les publics les plus jeunes au live ou, au contraire, les en éloigne. En conclusion, elle esquisse trois pistes pour poursuivre la réflexion et identifier des défis tant du point de vue de la recherche que de celui des pouvoirs publics ou des professionnels et professionnelles du secteur.

Introduction

Après avoir consacré en juillet 2021 une étude à la perception du spectacle vivant, le pass Culture vient d’en publier une nouvelle qui concerne cette fois les pratiques des utilisateurs du dispositif. Réalisée avec trois structures partenaires du pass (la MC93 de Bobigny, le TAP de Poitiers et le TNB de Rennes) sur la base des données d’utilisation de l’application arrêtées à septembre 2022, d’un questionnaire en ligne diffusé auprès de 1 050 détenteurs du pass (âgés de 18 à 20 ans) et de cinq focus groupes, elle visait à identifier les moyens de susciter la première expérience en autonomie et à caractériser les liens entre pratique individuelle et collective.

Plusieurs enseignements peuvent être tirés de cette enquête centrée sur l’ensemble des offres proposées par le Pass dans le domaine du spectacle vivant (abonnement, représentations et festivals).

Les recommandations en matière éducative prescrivent généralement de maintenir les enfants de moins de trois ans éloignés des écrans et d’accompagner très progressivement leur insertion dans leur quotidien dans les années qui suivent. La réalité, telle que décrite par la cohorte Elfe, est différente : à deux ans, les trois quarts des enfants sont maintenus à distance des écrans numériques (hors télévision), mais dès l’âge de trois ans et demi, plus de quatre sur dix en utilisent régulièrement et plus de la moitié à cinq ans et demi. Durant les six premières années de la vie, seuls quatre enfants sur dix sont durablement maintenus à distance des écrans numériques et plus de cinq sur dix augmentent, parfois fortement, leur temps d’écran. À l’inverse, un enfant sur dix avait une utilisation très développée dès deux ans et voit sa consommation diminuer. Ces trajectoires dépendent non seulement des caractéristiques sociales des familles, notamment de leurs ressources économiques et culturelles, de la place de la fratrie mais également des pratiques des parents, qu’elles soient individuelles ou partagées avec l’enfant avant ses trois ans.

Les Français vivent au rythme des vagues épidémiques successives depuis le mois de mars 2020 et le premier confinement lié à la pandémie de Covid-19. Ils ont connu des bouleversements de leur vie quotidienne dans toutes ses dimensions (santé, travail, sociabilité, loisirs, etc.) et dû suspendre certaines de leurs pratiques. Les possibilités d’accès à la culture ont été drastiquement réduites par les périodes de fermeture des établissements culturels (de la mi-mars à juin 2020, puis de novembre 2020 à mai 2021), puis limitées par les protocoles spécifiques adoptés lors de leur réouverture progressive (jauges, couvre-feux, réservations obligatoires, distanciation entre visiteurs ou spectateurs, port du masque obligatoire, mise en place du passe sanitaire à partir du 21 juillet 2021, puis du passe vaccinal du 24 janvier 2022 au 14 mars 2022).

Depuis la mi-mars 2022, l’accès aux lieux culturels n’est plus conditionné par la présentation d’un passe vaccinal ou sanitaire, ni par le port du masque ou le respect de jauges. Pourtant, les acteurs culturels s’inquiètent de ne pas retrouver leurs publics dans les mêmes proportions qu’avant la pandémie et s’interrogent sur l’incidence qu’aura cette crise sanitaire tant à très court terme qu’à plus long terme. Les Français vont-ils reprendre le chemin des lieux culturels au même rythme qu’avant la crise ? Vont-ils intensifier leurs pratiques pour rattraper les occasions perdues lors des périodes de fermeture ou de restrictions ? Vont-ils au contraire délaisser salles de spectacle et de concert, cinémas, musées et bibliothèques au profit d’autres pratiques, notamment celles qui n’ont cessé de se diffuser ces dernières années sous l’essor du numérique [Lombardo, Wolff, 2020] et auxquelles ils se sont particulièrement adonnés pendant le premier confinement [Jonchery, Lombardo, 2021] ?

À l’occasion d’un sondage réalisé du 31 août au 3 septembre 2021 par l’institut Harris Interactive, puis de l’enquête Conditions de vie et aspirations des Français, réalisée par le Crédoc du 21 décembre 2021 au 14 janvier 2022 (voir « Sources », p. 16), les Français âgés de 15 ans et plus ont été interrogés sur leurs pratiques culturelles récentes. Des questions leur ont été posées à propos des effets du contexte sanitaire sur leurs intentions de sorties culturelles, à court et à plus long terme.
Un Français sur cinq déclare avoir profité de la réouverture des lieux culturels pour rattraper les occasions manquées pendant leur fermeture
Après plusieurs mois de restrictions dues au contexte sanitaire et de fermeture des établissements culturels, la question du retour du public se pose avec une grande acuité : les Français ont-ils profité de la réouverture des lieux pour compenser les occasions manquées pendant les périodes de fermeture ou ont-ils au contraire différé leur retour dans les salles de cinéma, de spectacle, de concert, dans les bibliothèques ou les musées ?

Si début septembre 2021, 28 % des Français déclarent avoir multiplié les occasions de sorties culturelles pendant l’été afin de rattraper les occasions perdues lorsque les lieux culturels étaient fermés, en janvier 2022 ils sont encore 20 % à déclarer avoir intensifié le rythme de leurs sorties culturelles depuis la rentrée de septembre (figure 1). Un effet de rattrapage persiste donc, même s’il semble logiquement s’estomper au fil des mois suivant la réouverture des lieux.

Cet article met en perspective les pratiques culturelles des Français durant le confinement lié à la pandémie de Covid19 au printemps 2020 avec les pratiques « habituelles » observées en 2018 : il montre comment cette situation inédite a stimulé les consommations culturelles de catégories de population qui étaient jusque-là plus en retrait comme les seniors et les classes populaires, soutenu les activités artistiques en amateur des jeunes et réduit les écarts entre les groupes sociaux. Parmi les leviers identifiés, l’analyse pointe l’importance des situations de travail et de la sociabilité du confinement sur le développement des pratiques de loisirs culturels au domicile.

Cette enquête, commencée au début des années 1970, est destinée à mesurer la participation de la population aux loisirs et à la vie culturelle : lecture de livres, écoute de musique, fréquentation des équipements et des manifestations culturels, pratiques en amateur. Elle accorde une large place aux usages des médias traditionnels (télévision, radio, presse) et, depuis l'édition de 2008, aux nouvelles technologies liées au développement du numérique. Cette sixième édition permet d'observer l'évolution des pratiques culturelles de la population âgée de 15 ans et plus sur près d'un demi-siècle en France.

Les résultats par type de pratique culturelle sont également consultables en annexes.

Un service simple et pratique, qui donne accès à un large choix de playlists et permet de découvrir de nouveaux artistes, le tout pour un prix correct… Les adeptes du streaming musical ne tarissent pas d’éloges. La quasi-totalité des utilisateurs de Deezer, Spotify ou encore Apple Music s’avouent satisfaits du service, pour lequel ils n’hésitent d’ailleurs pas à payer et dont ils exploitent tous les contours, de la création de playlists au mode hors connexion. Notre enquête, réalisée en avril dernier auprès de 2 244 abonnés à notre newsletter, révèle un satisfecit général, mais réserve aussi quelques surprises.

Qu'apprend-on en faisant du théâtre? La réponse ou plutôt les réponses expliquent peut-être le succès constant de cette pratique. En effet, les cours de théâtre ont le vent en poupe auprès des enfants et des jeunes aujourd'hui comme hier. Une pratique que semble être source de plaisir, de découverte de soi et dont l'objectif n'est pas du tout être la seule représentation devant le public. Cette pratique artistique continue donc de se développer en marge de l’école, via des associations, dans le périscolaire ou en classe via les options théâtre et les classes spécialisées, toujours dans des lieux spécifiques.